Monastère de Saon - Tulcea le 30 juin

La cloche du monastère sonne à 6h, c'était prévu, mais moi je ne suis pas obligée d'aller prier jusqu'à 9h! Je me fais mon petit dej, et profite que tout est calme pour faire encore quelques photos, je réalise qu'il y a aussi 3 autruches, je me demande si c'est un élevage alimentaire !




Avant de partir, je veux encore parler avec Ionella, je regrette vraiment la mauvaise qualité de la photo.
Je la questionne encore, elle me dit qu'elle a toujours souhaité intégrer ce monastère-là, qu'il est moins prestigieux que d'autres plus anciens dans le nord du pays (celui-ci date seulement de 1856), mais qu'elle s'y plait beaucoup.
Elle me détaille les périodes de sa journée : 6-8h prières / 9-11 travail (selon les besoins, jardinage, bêtes, ménage, bricolage, mais pour la cuisine, elles y travaillent par roulement en équipe de 2), repas, temps libre jusqu'à 14h, 14-18h travail, repas, 19-21h prière. OUF!
Je lui laisse mes coordonnées, l'adresse du présent blog, et assez des sous, j'espère, en tous cas à la hauteur du plaisir que j'ai eu à séjourner ici.
Je repars direction Parches, le village d'André. Je me demande si ce n'est pas une plaisanterie: je croyais que c'était tout plat, mais en fait cette route est vraiment terrible, même les camions se trainent. Je ne fais que râler, et je mets beaucoup plus de temps que je pensais pour arriver à Parches. Mais c'est magnifique, je comprends qu'il soit tombé amoureux de ce coin. Au village, je demande, comme il me l'a expliqué, un truc du genre ''De unde la casa del belgiano'' car tout le monde le connait, m'a-t-il dit. Il a une très chouette maison, qu'il a entièrement refaite. Il me présente Stella, une jeune femme qui travaille pour lui et qui parle bien français et me propose de prendre une douche, me laisse seule en me confiant un énorme trousseau de clefs (merci de sa confiance!), avec mission de tout refermer et de le retrouver à l'ancienne école du village qu'il a aussi rachetée et pour laquelle il a un beau projet d'y aménager d'autres chambres. Il me fait visiter le chantier et m'explique un peu ses activités, ses projets en Roumanie, les difficultés qu'il a dû surmonter pour y parvenir.
Il déborde d'idées et d'enthousiasme.
Je repars, Tulcea n'est plus très loin, mais quelle épreuve !! J'apprends un peu plus tard que du temps de Caucescu, se déroulait un célèbre rallye qui passait par là, justement par le village de Parches, avec tous ces virages et dénivellés, alors c'est quand même justifié que je la trouve dure cette route, encore qu'à l'époque, il faut imaginer qu'elle n'était pas en si bon état !
Arrivée à l'entrée de Tulcea, je demande à me faire photographier, c'est quand même un moment historique! Mais il me faut rendre la pareille à mon volontaire!


Je cherche l'office du Tourisme, où je suis surprise de trouver une dame qui parle bien français, Elle m'indique quelques hébergements les moins chers, les infos pour visiter le delta, le café Internet, et surtout où acheter un maillot de bain, car ce serait dommage de ne pas me baigner dans la mer Noire. Comme j'avais un peu grossi et que je n'étais pas du tout sûre en partant d'arriver à mon but, je n'avais pas voulu en emporter, un peu par superstition, mais là j'ai tout de même un peu maigri (ça serait malheureux!!).
J'erre un bon moment à la recherche d'une penziunea, la moins chère est à l'autre bout de la ville, mais pas de bol, il n'y a plus de chambre. Je retraverse donc encore Tulcea et arrive à la penziunea Melissa, qui est encore bien chère, compte tenu que je paie toujours pour des chambres doubles (les célibataires sont toujours pénalisés je confirme).
Je ressors acheter un ''costum de baie'', et quelques courses alimentaires pour demain. Puis dans la rue, une voix m'appelle : c'est Stella que j'ai rencontrée ce matin chez André. Elle vient d'emmener son fils à l'hôpital de Tulcea, car il s'est fait mordre sérieusement par un chien. Injections antirabbiques, antibiotiques... Et ce n'est pas la 1ere fois, car ce petit a d'autres marques sur le visage d'une précédente morsure. Le débat sur les chiens roumains est donc toujours ouvert....
Puis je vais sur le port repérer les transporteurs pour demain.

Je pense quand même aller à Sulina, au moins pour le symbole d'arriver au km zéro, et puis il parait qu'on pourrait camper sur la plage, ou près de l'école.
Si après cela, j'ai encore envie de me balader sur l'eau, je pourrais aussi aller à Sfantu Gheorgue, André et Stella m'en ont dit du bien.

Braila - Monastere de Saon (près de Parches) le 29 juin

Et bien finalement, je n'ai pas dormi au sinistre hôtel Traian : en quittant le café Internet, je salue le responsable (qui a l'air patibulaire mais tout de même aimable puisqu'il me souhaite bon voyage) et je me risque à lui demander s'il connait un hôtel pas cher. Il me parle du Motel Mario, sur la route de Galati. J'ai pas regretté de l'avoir écouté, car c'est tout à fait correct, on m'aide même à monter mes sacoches (il faut préciser que j'ai 2 sacoches avant, une petite sacoche guidon que je peux mettre en bandoulière, le gros pack arrière en 3 volets, plus un autre sac assez lourd où il y a tente, matelas, sac de couchage, donc il me faut 2 voyages), le petit dej est compris (tranches de concombre, et tomate, olives, oeuf au plat, jambon, fromage), la patronne est souriante, la chambre est tout à fait bien, et en plus j'ai pu y diner le soir.
Galati n'est plus qu'a moins de 15 km, mais la route, toute droite, large et plate (sauf l'arrivée) est très fréquentée.
Aujourd'hui, ce sera la journée des rencontres.
D'abord je croise un cycliste ''Course'', casquette à l'envers, qui fait bientôt demi-tour pour me rejoindre et rouler avec moi jusqu'à Galati. C'est Lucian, un jeune passionné de vélo, avec qui on discute en mélangeant un peu toutes les langues surtout l'italien qu'il connait assez bien, car il a travaillé à Milan. Il m'encourage sur la route, car je suis à la traine, en criant à tout bout de champ ''Allez la France'' , ''Avanti'', et en chantant, il rit tout le temps, vraiment gentil. En m'accompagnant jusqu'au bac, il m'explique un peu sa vie (actuellement, il n'a pas de travail et fait un peu de ''sécurité'' dans le ''Kombinat'', CAD les usines toutes moches qu'on voit sur des kilomètres avant l'arrivée sur Galati), me raconte comment en Italie il passait tous ses dimanches sur son vélo, que le vélo n'est pas populaire en Roumanie (faut dire que l'état des routes, bien que notablement amélioré depuis 20 ans, n'encourage pas trop) et que les jeunes préfèrent s'endetter pour acheter une voiture...
Sur le bac, je suis surprise de voir autant de monde, bcp de voitures,mais surtout des piétons, des gens de la ville, en famille, avec parasol, glacière, pique-nique...
A l'arrivée, je comprends : de l'autre côté, c'est un bel endroit, aménagé en plages, et tout le monde se bouscule pour descendre et se disperser, à la recherche d'un coin tranquille (vu l'affluence, ça semble être mission impossible).



Ensuite je me dépêche de photographier en douce et lâchement de loin LA CHARETTE dédicacée GG.
Ca tombe bien, il y a aussi quelques chevaux qui batifolent aussi.
La route est très belle, le paysage a encore changé, ça devient typique du delta, où je suis plus ou moins arrivée, il y a plein de petits lacs tranquilles, de ruisseaux, de petits coins à pêcheurs, de grandes étendues herbeuses et sans doute marécageuses...
On peut voir ça très bien sur une carte, y a de l'eau partout.
Et l'autre rive, à ma gauche, c'est déjà l'Ukraine !
Il y a encore du vent, mais aujourd'hui, c'est encore supportable.
Les difficultés commencent après l'embranchement vers Macin : déjà, la route n'est plus si plate, je me paie quelques belles montées, toujours sous la grosse chaleur, mais surtout il y a de plus en plus de trafic, et bizarrement presque plus de Dacia et autres ruines, mais des voitures puissantes et bien chargées, des 4/4, vitres fumées, avec parfois un bateau en remorque, ça ressemble au grand départ en vacances des nouveaux riches, et je réalise qu'on est le 29 juin.
Puis je croise un grand fourgon blanc qui s'arrête à ma hauteur : c'est André, qui arrive juste de Belgique pour se rendre à sa maison à 15 kms, il l'a achetée il y a plusieurs années et y vient assez souvent, en famille, avec des amis ou pour ses affaires. Etonné de me trouver là, il me propose gentiment de m'y arrêter quand j'y parviendrai, car c'est presque mon chemin. Je lui réponds que oui, sans doute, je pense que si j'ai la flemme de pédaler jusqu'a Tulcea (qui n'est qu'à 60 kms) c'est une alternative plus sûre que le pictogramme ''Chambre'' de ma carte.
Moins d'un quart d'heure plus tard, nouvelle rencontre : c'est un camping-car immatriculé dans l'Eure et Loir, des français !!! Isabelle et Jean-Pierre sont en Roumanie depuis quelques jours déjà et ils me racontent pleins d'anecdotes. On se met au frais dans leur camping car tout neuf, et ils me donnent quelques tuyaux pour visiter le delta (il y a 3 bras principaux, et la question est de prendre ou non le ferry qui emprunte le bras central le plus large jusqu'à Sulina, là où est situé le fameux ''point zéro'' : on a le choix entre le ferry-transport public pas cher mais long (4h pour 70 kms !) et on ne peut pas faire l'aller-retour dans la journée, ou bien une navette plus rapide mais chère, ou encore préférer une excursion dans un petit bateau sur un bras ou une zone moins fréquentée, plus sauvage mais ça peut devenir très cher, forcément) et ils me font part de leur impression sur le littoral de Constanta, ça a l'air de ressembler a du tourisme de masse, avec des centaines d'hôtels qui se touchent sur des kms.
Je leur raconte aussi mes aventures, puis on se sépare.
Ensuite j'ai été interrompue en pleine côte par des vendeurs d'abricots (sur cette route, il y en a dans tous les villages, avec un petit seau d'abricots, de tomates ou de cerises), qui m'encouragent en me tendant des fruits. Je m'arrête pour accepter, et en discutant de mon itinéraire (je sais, c'est toujours le même sujet de conversation), je dis que j'ai envie de m'arrêter voir les 2 ou 3 monastères signalés sur ma carte pas loin de là. Ils m'expliquent que l'un est un monastère de nonnes (bon, un couvent, quoi!), et il me vient à l'idée que parfois on peut y trouver le gîte. Voila une expérience pour moi, me dis-je, enthousiasmée. Et aussi une nouvelle alternative au Belge.
Puis je passe devant une très belle fontaine où plusieurs personnes s'approvisionnent. J'y retrouve les 2 français au camping-car qui font le plein, et on repapote. Il y a aussi à la fontaine un drôle de type, que les français avait déjà rencontré à Tulcea, et qui est arrivé à pied. Ce gars là a tout l'air d'un vagabond, on peut pas dire autrement, il ne porte que les vêtements qu'il a sur le dos : des chaussures de course, un short et un maillot de coureur, une casquette rouge et un blouson coupe-vent crasseux noué autour du cou, et à la main, un sac en nylon avec un pain dedans.
Mais il parle presque couramment le français et l'anglais, a une conversation très claire et sensée. Il explique que depuis 2002 il est place en HP a Tulcea, mais que là, il est parti voir sa mère à Isaccea (on en est à 5 kms), je ne comprends pas si c'est une fugue, ou si c'est une permission, et qu'il ne peut pas se payer le bus. Mais il explique bien qu'il touche une pension de handicapé de 60 euros par mois, et qu'il économise sur sa nourriture pour se payer ses baskets et sa tenue pour pouvoir participer à des marathons (il dit avoir fait celui de Belgrade récemment). Bref, tout cela a l'air surprenant, mais semble vrai, et il vraiment touchant quand il parle de lui tout simplement, en se qualifiant de ''Homeless''. Je lui file une reste de seven days, qu'il apprécie encore plus que moi, des fruits et un cachet de vitamine C qu'il me réclame. Ce Julian a tout de même une drôle de vie.
Avec tout ça, je n'ai pas beaucoup avancé, mais la route est vraiment dure, toutes ces côtes m'ont épuisée. Je n'ai plus le temps de visiter les autres monastères, et je tente donc celui de Saon, au bout d'un chemin toujours aussi difficile. J'y arrive vers 19h, et j'enfile illico la jupe ad hoc.
On va me chercher une soeur qui parle anglais, et c'est Ionella, une toute jeune et jolie nonne qui m'accueille en souriant. Elle me dit qu'il y a bien des chambres, mais qu'elles sont encore en travaux et qu'il n'y a pas d'eau. Tant pis, je ferai avec, car l'endroit me parait vraiment exceptionnel, et puis j'ai fait le plein d'eau, moi aussi, à la fontaine, en tous cas assez pour une toilette sommaire.
En fait, tout est très bien, c'est un endroit génial, au bord d'un lac. La chambre, pas tout a fait finie, est très propre, et finalement, à 300 m, il y a des WC et des lavabos où je peux me laver et même faire ma lessive quotidienne,
Ionella a seulement 26 ans, mais vit ici depuis 9 ans, faites le calcul ! Ici vivent 39 nonnes. Elle me dit que mon voyage est very interesting. Elle vient du nord de la Roumanie. Elle me propose une soupe froide, très bonne, un peu de viande, une bouteille d'eau gazeuse toute fraîche. J'aimerais beaucoup la questionner davantage, mais elle doit aller dans l'église pour prier, me dit que je peux visiter les lieux, faire comme je veux. Et il n'y a pas de prix fixe pour cet hébergement, on donne ce qu'on veut.
Je vais donc me balader un peu partout, visiter leur potager, la basse-cour, le lac, où j'essaie de traquer un héron. Je prends pas mal de photos, dans l'ordre l'église, la cloche qui sert à rythmer les différents moments, le bâtiment de ma chambre, le puits, les abords du lac, et enfin l'icône qui
est dans ma chambre.
































Je suis ravie d'être la, c'est un peu dommage pour André le Belge, que j'aurais aimé prévenir. J'espère qu'il ne m'a pas attendue, et je prévois de passer demain matin à sa maison le saluer.
aujourd'hui 74,6km, fatigants!!!!



Pietra (pres d'ostrov) - Braila le 28 juin


Ca faisait bien longtemps que je ne m'étais pas réveillée aussi bien reposée, même s'il est encore tôt.
Je me prépare mon petit dej, remercie tout le monde, et me mets en route.
Déjà le vent s'est levé, et il est nettement contre moi. J'en ch... encore toujours autant, d'autant que la route est toujours aussi mauvaise. Je n'avance pas.
Le paysage change aussi, sur ma droite se dressent des collines argileuses.
Je traverse quelques villages, puis je peux affirmer que l'hôtel et le camping indiqués sur ma carte 10 km avant la petite ville de Macin, sont bien réels, ça peut toujours servir à quelqu'un.
Je fais le choix de rallonger par Braila et Galati, avant d'obliquer sur Constanta.
Entre Macin et Braila, la rive est très jolie, un peu marécageuse, cela semble être le paradis des pêcheurs.
Un bac permet de traverser pour atteindre Braila, qui est une grande ville. Je me mets tout de suite en quête d'un café Internet, mais ça semble mission impossible. Personne ne connait, on me dit carrément qu'il n'y en a pas, ce que je ne veux pas croire, dans une ville de cette importance.
Enfin, je finis par demander à un couple de jeunes qui parlent anglais. Le garçon m'explique qu'il y en a, mais "they are not good". Je demande des précisions, et il me dit qu'ils sont fréquentés par des "gipsys", qu'ils sont dangereux, etc...
Je finis par renoncer, j'ai pas envie de me faire agresser après être arrivée si loin.
Je décide alors de continuer jusqu'à Galati, qui est une ville d'aussi grande importance, j'en trouverai bien un là-bas.
Mais en repartant, je remarque une porte ouverte avec des ordinateurs dedans. Je m'y arrête quand même, et oui, c'est bien un espace Internet, un peu miteux, sans lumière, avec une musique braillarde à fond, pas de clim, et probablement plein de gipsys dedans, mais ça ne me semble pas être un coupe-gorge. C'est là d'où j'écris en ce moment, et je vais tous les 1/4 d'heure contrôler dehors si mon vélo est toujours là.
Ca fait plusieurs heures que j'y travaille, pour l'instant tout va bien, on verra quand il faudra payer. Il s'est mis encore à pleuvoir, et il est déjà 19h30, inutile de songer à atteindre Galati ce soir, donc je vais rester dormir dans cette ville, j'ai répéré l'hotel Traian qui ressemble furieusement à l'hotel Traian de Dobreta Turnu Severin, je le prendrai en photo demain, vous verrez comme il est moche, mais il affiche seulement 2 étoiles, et les 2 autres hôtels que j'ai vus ont respectivement 3 et 4 étoiles !
Donc la suite à plus tard, peut-être à Tulcea, maintenant vous connaissez mon programme jusqu'à la fin. Allez, je vais tenter la photo de la charrette!

Cernavoda-Pietra (pres d'Ostrov) le 27 juin

Faute de mieux, je fais chauffer sur mon gaz un peu d'eau pour y dissoudre mon 3 en 1 (stick de café+lait+sucre) dans ma chambre d'hôtel, je me fais aussi mes tartines de miel. En prévision de la rude journée que je pressens encore, je m'avale aussi un comprimé de l'Isostar que m'avait donne Pablo, l'espagnol rencontre avant Budapest. Car, toujours d'après ma carte, pas d'hébergement pour ce soir, à moins d'un miracle, ou à moins que je fasse 160 km avant ce soir, ce qui est très improbable, vu ma forme ce matin...
Avant la sortie de Cernavoda, une épouvantable et longue côte m'oblige déjà à pousser. Je remarque alors qu'il y a là un autre hôtel, le Yahoo Hotel, dont le nom laisse supposer qu'il est pourrait être plus décontracté que le Doria. A essayer la prochaine fois...
Quelques km après cette ville, une photo de ce truc qui m'enfume d'une fumée super noire!
Pas grand chose à dire, je trouve l'étape encore très rude.
Vers 13h, un charmant hôtel resto, où je déjeune d'une rafraichissante salade bulgare (tomates, concombres, oeuf dur, oignon, avec plein de fromage râpé), et d'un esquimau. Dommage, c'est pas l'heure de s'arrêter pour la nuit, et c'est en pleine campagne.
Le seul truc de bien, après ce repas, c'est que les nuages se sont levés, et qu'il y a enfin de l'ombre de temps en temps.
Je peine toujours, et maintenant la route est de plus en plus mauvaise, il faut slalomer entre les trous, puis ce sont des pavés, les secousses et je suis fatiguée, un peu inquiète pour ce soir...
Finalement, je vais croire à ma bonne étoile, ou alors c'est que j'ai beaucoup de chance, car les nuages tournent à l'orage. C'est tout de suite un vrai déluge. Il est environ 17h, je suis entre 2 villages, donc rien pour m'abriter. Mais si ! Il y a des bâtiments, un genre de ferme, où je m'approche et demande par un signe si je peux entrer m'abriter.
Le temps de poser mon vélo et un homme s'approche, me parle en anglais. C'est Viktor, si j'ai bien compris, il est le régisseur de ce domaine viticole, je n'avais pas vu les vignes, mais il m'explique qu'elles sont de l'autre côté des collines argileuses. Il me propose de rester là pour la nuit. En effet, il y a là un très grand dortoir de plus de 40 lits qui sert au moment des vendanges. L'endroit est un lieu-dit appelé Pietra, c'est aussi le nom du vin, je crois.
Sauvée du problème de l'hébergement, je suis rassurée et sereine, et la pluie cesse. Viktor me propose de l'accompagner dans son camion, voir ses vignes et faire le tour de son ranch.
En chemin, nous croisons cette énorme tortue, que nous portons loin de la route.
Ensuite,Viktor doit rentrer chez lui à Constanta pour le week-end, mais il me dit que je ne serais pas seule, car le gardien, Mircea, et l'ingénieur resteront là.
Mircea ne parle pas vraiment d'autre langues, mais il connait plein de vocabulaire de tas de langues, pour avoir travaillé autrefois à Mamaia, un endroit touristique, et bientôt il va nous chercher une bouteille de cet excellent vin produit ici.

C'est vrai qu'il est bon!
Il me montre aussi les jardins potagers dont il s'occupe, et l'enclos du bouc, et des brebis.
Bientôt, Stefan, l'ingénieur, en rouge sur la photo, arrive, avec sa canne à pêche et 3 poissons.
Mircea propose qu'on les mange, et se charge de les cuisiner dans une grande cuisine équipée pour une vraie collectivité.

Depuis le temps que je rêvais d'une friture du Danube ! Et qu'on n'aille pas me raconter que le poisson est plein de mercure ici, d'ailleurs on m'assure que c'est de l'intox (mais GG, si tu peux faire une recherche, s'il te plait, ça me rassurerait)
Quel bon accueil !!!
En plus, je peux prendre une vraie douche, dans une belle salle de bain située dans le bâtiment du staff.
Ici, il y a beaucoup de chiens aussi, 5 ou 6, et le chat Aneto, le chouchou.
A la nuit, je vais me coucher seule dans le dortoir, où je peux choisir ma paillasse parmi tous ces lits vides!
Le matelas est bien fatigué, mais peu importe, je gonfle mon super matelas Termarest, incroyablement confortable, et je dors vraiment bien.
86 km aujourd'hui

Embarcadere de Calarasi - Cernavoda le 26 juin

Dès 6h, l'embarcadère est en pleine activité, je me demande bien d'où sortent de si bonne heure tant de voitures et de camions. Je ré-enfile mes vêtements encore moites de ma sueur d'hier, je ne suis plus à ça près, et l'air de rien je replie ma tente sous les regards intéressés des passagers qui attendent.
Je prends le bac de 8h, on ne me fait même pas payer, je suis devenue la mascotte!
De l'autre côté, si on se dirige vers l'Ouest, on atteint un poste frontière et la ville bulgare de Silistra (en photo), mais moi, je continue vers l'Est : la rive droite devient roumaine, et le Danube coule maintenant entièrement en territoire roumain.
Je remplis mes bidons à cette fontaine qui indique clairement que l'eau est potable.
Puis, je m'arrête au monastère Dervent, un havre de verdure et de fraicheur. J'avais préparé, à portée de main une jupe à enfiler sur le cuissard, car on ne plaisante pas avec la tenue dans les monastères. Dans l'église, une dame me fait remarquer une icône spéciale, qui représente la vierge et l'enfant : elle me dit qu'elle est très importante, et que je dois me baisser et passer dessous, ce que je fais très docilement.
Beaucoup plus tard : je réalise que j'aurais pu passer la nuit dans ce monastère, comme l'ont fait plusieurs cyclistes rencontrés par la suite, au lieu de mon campement miteux à l'embarcadère.




































Ensuite, la route correspond exactement à ce qui est annoncé sur ma carte : les flèches plus ou moins grasses indiquent des montées de type "modérée" à "difficile". De plus, la route jusqu'à présent asphaltée, est maintenant pavée (et mal!), et ca change bien des choses.
A Baneasa, je trouve un petit guichet qui prépare des "Mici" comme chez Valeria de Turnu Magurele. Je m'installe pour en manger 3, avec encore un soda citron, puis je vais m'acheter un seven days au supermarket d'à côté pour le dessert.
A Ion Corvin, je quitte la route indiquée dans le guide du Donau Radweg, qui mène directement à Constanta (80 km seulement), et je me risque sur un autre itinéraire plus aventureux, mais bien au plus près le Danube. Mon projet est d'atteindre d'abord Tulcea, de visiter le delta du Danube, puis de redescendre dans un 2eme temps sur Constanta, pour organiser mon retour par autobus.
C'est très très dur, je descends souvent du vélo pour pousser, je fais des pauses toutes les 20 mn, y a pas d'ombre, les villages sont plus espacés, plus pauvres aussi, la route est en mauvais état, bref, c'est pas la joie. De plus, ma carte n'indique pas d'hôtel à Cernavoda, qui pourtant semble une ville assez importante.
J'y arrive enfin et malgré tout, on m'indique l'hôtel Daria : c'est un 3 étoiles, mais c'est inespéré, et je me dis que ca compensera la nuit à l'oeil de la veille. C'est bien la 1ere fois que je "descends" dans un 3 etoiles, en fait je ne recommande pas du tout cet hôtel : accueil inexistant, pas aimable, je dois faire 2 voyages pour monter moi-même mes affaires à la chambre, 2 fois plus cher que celui d'Oltenitsa qui etait bien plus sympa, pas de petit dej non plus. Je découvre un peu tard qu'il y a une clim et un frigo dans la chambre, mais pas branchés, et les prises sont inaccessibles !
Le soir, je tente une sortie, histoire de chasser la petite déprime qui m'atteint. Il y a encore plein de monde sur une sorte d'avenue longeant un parc au bord du Danube. Mais une fois dans mes vêtements "civils", je n'ai plus aucun succès, j'ai même l'impression que les gens se moquent de moi, sans doute mal attifée, mal coiffée, et avec un T-shirt qui dévoile mon bronzage Tour de France.
Je me dis qu'en France aussi, dans les petites villes de province, les gens ne sont pas très malins...
Je ne suis pas motivée du tout pour aller dans un resto, je vais m'acheter quelques bricoles à manger, et je rentre tôt à l'hôtel, fatiguée.
Aujourd'hui 97.4 km