Braila - Monastere de Saon (près de Parches) le 29 juin

Et bien finalement, je n'ai pas dormi au sinistre hôtel Traian : en quittant le café Internet, je salue le responsable (qui a l'air patibulaire mais tout de même aimable puisqu'il me souhaite bon voyage) et je me risque à lui demander s'il connait un hôtel pas cher. Il me parle du Motel Mario, sur la route de Galati. J'ai pas regretté de l'avoir écouté, car c'est tout à fait correct, on m'aide même à monter mes sacoches (il faut préciser que j'ai 2 sacoches avant, une petite sacoche guidon que je peux mettre en bandoulière, le gros pack arrière en 3 volets, plus un autre sac assez lourd où il y a tente, matelas, sac de couchage, donc il me faut 2 voyages), le petit dej est compris (tranches de concombre, et tomate, olives, oeuf au plat, jambon, fromage), la patronne est souriante, la chambre est tout à fait bien, et en plus j'ai pu y diner le soir.
Galati n'est plus qu'a moins de 15 km, mais la route, toute droite, large et plate (sauf l'arrivée) est très fréquentée.
Aujourd'hui, ce sera la journée des rencontres.
D'abord je croise un cycliste ''Course'', casquette à l'envers, qui fait bientôt demi-tour pour me rejoindre et rouler avec moi jusqu'à Galati. C'est Lucian, un jeune passionné de vélo, avec qui on discute en mélangeant un peu toutes les langues surtout l'italien qu'il connait assez bien, car il a travaillé à Milan. Il m'encourage sur la route, car je suis à la traine, en criant à tout bout de champ ''Allez la France'' , ''Avanti'', et en chantant, il rit tout le temps, vraiment gentil. En m'accompagnant jusqu'au bac, il m'explique un peu sa vie (actuellement, il n'a pas de travail et fait un peu de ''sécurité'' dans le ''Kombinat'', CAD les usines toutes moches qu'on voit sur des kilomètres avant l'arrivée sur Galati), me raconte comment en Italie il passait tous ses dimanches sur son vélo, que le vélo n'est pas populaire en Roumanie (faut dire que l'état des routes, bien que notablement amélioré depuis 20 ans, n'encourage pas trop) et que les jeunes préfèrent s'endetter pour acheter une voiture...
Sur le bac, je suis surprise de voir autant de monde, bcp de voitures,mais surtout des piétons, des gens de la ville, en famille, avec parasol, glacière, pique-nique...
A l'arrivée, je comprends : de l'autre côté, c'est un bel endroit, aménagé en plages, et tout le monde se bouscule pour descendre et se disperser, à la recherche d'un coin tranquille (vu l'affluence, ça semble être mission impossible).



Ensuite je me dépêche de photographier en douce et lâchement de loin LA CHARETTE dédicacée GG.
Ca tombe bien, il y a aussi quelques chevaux qui batifolent aussi.
La route est très belle, le paysage a encore changé, ça devient typique du delta, où je suis plus ou moins arrivée, il y a plein de petits lacs tranquilles, de ruisseaux, de petits coins à pêcheurs, de grandes étendues herbeuses et sans doute marécageuses...
On peut voir ça très bien sur une carte, y a de l'eau partout.
Et l'autre rive, à ma gauche, c'est déjà l'Ukraine !
Il y a encore du vent, mais aujourd'hui, c'est encore supportable.
Les difficultés commencent après l'embranchement vers Macin : déjà, la route n'est plus si plate, je me paie quelques belles montées, toujours sous la grosse chaleur, mais surtout il y a de plus en plus de trafic, et bizarrement presque plus de Dacia et autres ruines, mais des voitures puissantes et bien chargées, des 4/4, vitres fumées, avec parfois un bateau en remorque, ça ressemble au grand départ en vacances des nouveaux riches, et je réalise qu'on est le 29 juin.
Puis je croise un grand fourgon blanc qui s'arrête à ma hauteur : c'est André, qui arrive juste de Belgique pour se rendre à sa maison à 15 kms, il l'a achetée il y a plusieurs années et y vient assez souvent, en famille, avec des amis ou pour ses affaires. Etonné de me trouver là, il me propose gentiment de m'y arrêter quand j'y parviendrai, car c'est presque mon chemin. Je lui réponds que oui, sans doute, je pense que si j'ai la flemme de pédaler jusqu'a Tulcea (qui n'est qu'à 60 kms) c'est une alternative plus sûre que le pictogramme ''Chambre'' de ma carte.
Moins d'un quart d'heure plus tard, nouvelle rencontre : c'est un camping-car immatriculé dans l'Eure et Loir, des français !!! Isabelle et Jean-Pierre sont en Roumanie depuis quelques jours déjà et ils me racontent pleins d'anecdotes. On se met au frais dans leur camping car tout neuf, et ils me donnent quelques tuyaux pour visiter le delta (il y a 3 bras principaux, et la question est de prendre ou non le ferry qui emprunte le bras central le plus large jusqu'à Sulina, là où est situé le fameux ''point zéro'' : on a le choix entre le ferry-transport public pas cher mais long (4h pour 70 kms !) et on ne peut pas faire l'aller-retour dans la journée, ou bien une navette plus rapide mais chère, ou encore préférer une excursion dans un petit bateau sur un bras ou une zone moins fréquentée, plus sauvage mais ça peut devenir très cher, forcément) et ils me font part de leur impression sur le littoral de Constanta, ça a l'air de ressembler a du tourisme de masse, avec des centaines d'hôtels qui se touchent sur des kms.
Je leur raconte aussi mes aventures, puis on se sépare.
Ensuite j'ai été interrompue en pleine côte par des vendeurs d'abricots (sur cette route, il y en a dans tous les villages, avec un petit seau d'abricots, de tomates ou de cerises), qui m'encouragent en me tendant des fruits. Je m'arrête pour accepter, et en discutant de mon itinéraire (je sais, c'est toujours le même sujet de conversation), je dis que j'ai envie de m'arrêter voir les 2 ou 3 monastères signalés sur ma carte pas loin de là. Ils m'expliquent que l'un est un monastère de nonnes (bon, un couvent, quoi!), et il me vient à l'idée que parfois on peut y trouver le gîte. Voila une expérience pour moi, me dis-je, enthousiasmée. Et aussi une nouvelle alternative au Belge.
Puis je passe devant une très belle fontaine où plusieurs personnes s'approvisionnent. J'y retrouve les 2 français au camping-car qui font le plein, et on repapote. Il y a aussi à la fontaine un drôle de type, que les français avait déjà rencontré à Tulcea, et qui est arrivé à pied. Ce gars là a tout l'air d'un vagabond, on peut pas dire autrement, il ne porte que les vêtements qu'il a sur le dos : des chaussures de course, un short et un maillot de coureur, une casquette rouge et un blouson coupe-vent crasseux noué autour du cou, et à la main, un sac en nylon avec un pain dedans.
Mais il parle presque couramment le français et l'anglais, a une conversation très claire et sensée. Il explique que depuis 2002 il est place en HP a Tulcea, mais que là, il est parti voir sa mère à Isaccea (on en est à 5 kms), je ne comprends pas si c'est une fugue, ou si c'est une permission, et qu'il ne peut pas se payer le bus. Mais il explique bien qu'il touche une pension de handicapé de 60 euros par mois, et qu'il économise sur sa nourriture pour se payer ses baskets et sa tenue pour pouvoir participer à des marathons (il dit avoir fait celui de Belgrade récemment). Bref, tout cela a l'air surprenant, mais semble vrai, et il vraiment touchant quand il parle de lui tout simplement, en se qualifiant de ''Homeless''. Je lui file une reste de seven days, qu'il apprécie encore plus que moi, des fruits et un cachet de vitamine C qu'il me réclame. Ce Julian a tout de même une drôle de vie.
Avec tout ça, je n'ai pas beaucoup avancé, mais la route est vraiment dure, toutes ces côtes m'ont épuisée. Je n'ai plus le temps de visiter les autres monastères, et je tente donc celui de Saon, au bout d'un chemin toujours aussi difficile. J'y arrive vers 19h, et j'enfile illico la jupe ad hoc.
On va me chercher une soeur qui parle anglais, et c'est Ionella, une toute jeune et jolie nonne qui m'accueille en souriant. Elle me dit qu'il y a bien des chambres, mais qu'elles sont encore en travaux et qu'il n'y a pas d'eau. Tant pis, je ferai avec, car l'endroit me parait vraiment exceptionnel, et puis j'ai fait le plein d'eau, moi aussi, à la fontaine, en tous cas assez pour une toilette sommaire.
En fait, tout est très bien, c'est un endroit génial, au bord d'un lac. La chambre, pas tout a fait finie, est très propre, et finalement, à 300 m, il y a des WC et des lavabos où je peux me laver et même faire ma lessive quotidienne,
Ionella a seulement 26 ans, mais vit ici depuis 9 ans, faites le calcul ! Ici vivent 39 nonnes. Elle me dit que mon voyage est very interesting. Elle vient du nord de la Roumanie. Elle me propose une soupe froide, très bonne, un peu de viande, une bouteille d'eau gazeuse toute fraîche. J'aimerais beaucoup la questionner davantage, mais elle doit aller dans l'église pour prier, me dit que je peux visiter les lieux, faire comme je veux. Et il n'y a pas de prix fixe pour cet hébergement, on donne ce qu'on veut.
Je vais donc me balader un peu partout, visiter leur potager, la basse-cour, le lac, où j'essaie de traquer un héron. Je prends pas mal de photos, dans l'ordre l'église, la cloche qui sert à rythmer les différents moments, le bâtiment de ma chambre, le puits, les abords du lac, et enfin l'icône qui
est dans ma chambre.
































Je suis ravie d'être la, c'est un peu dommage pour André le Belge, que j'aurais aimé prévenir. J'espère qu'il ne m'a pas attendue, et je prévois de passer demain matin à sa maison le saluer.
aujourd'hui 74,6km, fatigants!!!!



1 commentaire:

Anonyme a dit…

"SAON" ne pouvait pas le faire sans entrainement ni motivation !
Un si long périple...