Tulcea - Sulina le 1er juillet

Autant le dire tout de suite : ça y est, ce 1er juillet, je suis arrivée au bout du delta, et je me suis même baignée dans la mer Noire !
Mais commençons dans l'ordre :
Comme le ferry qui mène à Sulina ne part qu'a 13h30, j'ai quelques heures devant moi, et je décide d'aller voir ce matin le fameux monument des héros de l'indépendance (qui a abouti au rattachement de la Dobroudja à la Roumanie) érigé sur une colline qui domine la ville, et qui est à 100m de ma pension. Il fait déjà bien chaud, et là-haut, il faut encore monter, monter....
De là, on a une belle vue sur Tulcea et son port, et sur le vaillant défenseur de sa patrie.

Dans le parc où est ce monument, il y a aussi un musée archéologique et historique qui ouvre à 10h. Ca tombe bien, je vais donc me cultiver au frais. Encore une fois, je suis toute seule, et la gardienne m'ouvre les portes les unes après les autres. Cette région danubienne a été peuplée depuis le néolithique, et les couches d'alluvion successives ont préservé beaucoup de choses. J'apprends aussi que Pietra, le domaine viticole où j'avais passe la nuit, est un site archéologique remarquable, berceau d'une civilisation qui fait l'objet ici de plusieurs vitrines. Il y a aussi beaucoup de choses qui datent de l'occupation grecque, puis romaine, puis byzantine, puis ottomane, etc... Le musée lui même, est construit sur un terrain de fouilles de l'ancienne cité grecque Aegyssus.
Une salle spéciale est consacrée aux "trésors", c'est à dire qu'il y a plein de pièces de monnaie, même de "pré-monnaie", romaines, grecques, etc..., de beaux bijoux et d'armes aussi. C'est là , GG, que tu m'as devancée, car j'y ai vu des affiches d'une exposition commune Millau-Tulcea qui s'est tenue l'an dernier, avec pour titre "des racines communes". La gardienne du musée tient à m'en parler aussi. Cela me fait penser que j'avais remarqué la veille sur une place de Tulcea, un bus avec l'inscription "conseil général de l'Aveyron, bibliobus".
J'ai encore le temps de prendre une photo de la mosquée AZIZIE (la 1ere que je vois en Roumanie), de manger un shaorma (et de m'en mettre partout, pour une fois que je porte des vêtements civils!), un gâteau et d'aller prendre ce ferry. J'ai donc finalement choisi l'option du ferry bon marché mais qui met 4 h pour faire les 70 kms jusqu'à Sulina. Heureusement qu'une personne bienveillante m'explique comment procéder, car ici, on n'achète pas son billet à l'embarquement, mais dans un bâtiment spécial, puis pour la bicicleta, il me faut aller à un autre endroit, un guichet très confidentiel situé au fond d'un couloir dans un autre bateau anonyme, bref, c'est pas simple. Je râle encore, car bien que je paie un supplément pour mon vélo, aucune rampe n'est prévue pour franchir les escaliers (6 ou 7 marches) qui accèdent à la passerelle, et que vous savez que mon vélo chargé est super lourd ! Heureusement qu'un passager bien charitable vient à mon secours, sous le regard imperturbable du personnel de bord qui s'obstine à me réclamer mon ticket alors que je ne sais pas dans quel sens attraper ce vélo !
Je laisse le vélo au niveau inférieur et monte sur le 1er pont, où bientôt je suis "branchée" en anglais par 2 allemands, Simon et Chris, qui m'ont déjà repérée comme cycliste. Eux sont arrivés aussi en vélo depuis les sources du Danube, ils sont déjà passés par Constanta et sont maintenant dans la phase "visite du delta-relâche", avant de rentrer en train sur Bucarest puis en avion sur Munich. Comme on a fait un peu le même trajet, mais pas exactement, on compare nos expériences, les endroits où on a dormi, les difficultés du trajets (par exemple les 21 tunnels sans lumière en Serbie!). Ce sont des pilotes de la Luftwaffe en retraite, et ils ont beaucoup voyagé dans le cadre de leur travail, surtout en Afrique, qu'ils connaissent bien. Ils ont aussi fait le chemin de Compostelle en vélo depuis Munich.
Le trajet n'est pas très pittoresque, car le ferry emprunte le bras le plus large du Danube, c'est comme un canal, il y a quelques arrêts dans des villages paumés et non desservis par la route. On voit beaucoup de pêcheurs, de cormorans, 2 ou 3 pélicans quand même. Beaucoup de monde sur le ferry (qui ne prend aucune voiture), les passagers sont fort bien organisés avec les seaux à glace pour la bière, les casse croute, les matelas de plage....
Arrivés à Sulina vers 17h30, nous sommes accueillis par les autochtones qui s'empressent pour proposer des chambres. Les 2 allemands négocient assez vite et bien leur hébergement, et moi, qui trouve que j'ai déjà beaucoup trop dépensé en hôtel, je résiste, et j'annonce que je vais dormir sur la plage.
Je me dirige donc vers la plage, qui est encore à 3 ou 4 km plus loin. C'est une belle et grande plage. J'hésite un peu pour mon vélo que j'attache finalement à la rambarde d'une guinguette en construction, mais je ne peux quand même pas me baigner avec !
Je suis surprise par la tiédeur de l'eau, à cette heure tardive. Elle n'est pas spécialement claire, mais pas crade non plus. La plage aussi semble propre, avec des corbeilles partout, et 2 bars qui diffusent de la musique bien forte.
Pour l'instant, je ne suis pas très convaincue par la possibilité de dormir sur la plage, car il n'y a aucune tente en vue, contrairement à ce que j'imaginais (c'est Benoit le québecois qui m'avait indiqué ce plan). Je croise un jeune couple de français (reconnaissables à leur tente quechua 2 secondes portée sur le dos) et ils me disent qu'eux aussi camperont sur la plage.
Mais je n'ai pas envie d'attendre ici toute seule que la nuit tombe pour m'installer, et je repars vers Sulina, où je retrouve un jeune déjà rencontré à la descente du ferry et qui semble avoir la mission d'organiser les hébergements. Il ne cherche pas à m'envoyer dans une pension, mais m'indique le Youth hostel, où il est possible de camper. Effectivement, la cuisinière, Aurora, me reçoit et me laisse m'installer dans l'herbe derrière le bâtiment, qui, lui, est complet, car il accueille des colos. C'est seulement 5 lei la nuit, avec WC et douche froide, ça me va, surtout que je ne prendrais pas de douche, vu qu'il n'y a pas de lumière dedans et qu'il va faire nuit. Le mari d'Aurora, qui travaille là aussi, est fasciné par mon vélo, demande combien il coûte, et si je veux bien le vendre. Mais il me dit qu'il lui faudrait travailler 8 mois pour se l'acheter...
Aurora est née à Sulina, et n'est jamais allée plus loin que Tulcea, pourtant elle parle pas mal du tout anglais, car elle rencontre ici beaucoup de voyageurs et qu'elle aime parler avec eux. Elle m'envie de voyager comme ça et toujours le problème de l'argent revient. Elle gagne 150 euros par mois. Elle m'explique que l'hiver, il fait très froid ici, au bout de l'Europe, et que tout le monde reste calfeutré dans la maison.
Il faut dire que Sulina est réellement au bout du monde, d'ailleurs, même on y voit quelques voitures, elles sont réservées à un usage local, car aucune route ne mène à Sulina, il n'y a que le canal avec ses ferries et navettes. A part le tourisme, il y a quand même quelques activités autour des conserveries et des chantiers de réparation de bateaux.
Je ressors à la nuit m'acheter quelque chose à manger. Sulina est une toute petite ville, et je retrouve sans difficulté Simon et Chris attablés devant une bière.
Nous nous attardons un moment ensemble, puis ils me raccompagnent à mon hostel et on se retrouvera demain tôt sur le ferry du retour.

2 commentaires:

Marco a dit…

Salut,
Impressionnant périple!

j'aimerai profiter de ton expérience:
Y a t'il un seul départ par jour à 13h30 pour Sulina? et retour à 7h du matin.
Nous sommes 7 à y aller le 17 juillet.
Sais tu si on peut trouver des petits bateaux indépendants bon marché qui font la navette?
sachant qu'on se débrouille en roumain.
merci

joelle a dit…

bonjour marco, je sais pas si tu trouveras ma reponse ici, car c est un blog de l annee derniere, en ce moment, je refais le meme voyage, mais en sens inverse : delta danube (cette fois ci je suis allee a Sfantu gheorghe, sur le bras le plus au sud) vers montpellier, et je suis actuellement en Autriche.
Oui, en principe, il n y a qu un depart "Navrom" par jour, tres bon marche et asssez folklo, mais il y a pas mal de navettes "express" a d autres horaires, bien plus cheres en comparaison, mais ca reste relatif pour un budget francais, et vous pouvez certainement negocier le tarif si vous etes nombreux. On ma aussi dit que depuis quelques jours, il y a une nouvelle eco-taxe pour acceder au delta.Bon voyage