Dobreta Turnu Severin - Cetate 17 juin

Donc, je me suis retrouvée à l'hôtel Trajan, personnage important ici (noms de rue, de place, de square). C'est un immeuble en béton très moche, très haut, très sinistre, presque vide ici aussi . On me propose une chambre 3 étoiles ou une 2 étoiles. Evidement, je choisis la 2ème. Bon, il y a des bandes de garantie hygiéniques sur les éléments sanitaires, mais la poubelle de la salle de bain n'a pas été vidée... Pour le prix, je ne vais pas râler....
Autant le soir pour décharger mon vélo que le lendemain, il se trouve quelqu'un qui arrive spontanément pour me le tenir et faciliter les manoeuvres.
Ce matin, c'est Bogdan, employé de l'hôtel, malingre, mystérieux et sombre, qui me questionne en chuchotant en anglais ... sur Lourdes ! Il veut savoir si je connais, si vraiment les gens pour qui la médecine ne peut plus rien sont effectivement guéris la bas, qu'est-ce que l'eau de Lourdes, s'il faut se baigner dedans pendant 1 jour, 2 jours ou une semaine.... Il me parle aussi d'exorcistes (il m'a fallu du temps pour comprendre !), demande s'il y en a en France, comment ça se passe. Il finit me dire qu'il est malade lui même et que c'est son seul espoir. Je lui dis en partant à attendre, mais il me répond avec un désarmant sourire que lui croit aux miracles.
A Dobreta etc..., je ne pars pas sans avoir été voir le château d'eau et les vestiges romains.
D'abord, il y a encore un morceau du pont Trajan sur le Danube, le plus grand au monde érigé a cette époque (1135 m), en 3 ans, de 103 à 105 entre 2 guerres contre les Daces.
Une reconstitution en a été faite par un ingénieur français Edgar Duperrex en 1906. Ce qui en reste est un socle en pierre qui soutenait le portail d'entrée sur le pont.
Sur ce site, on trouve aussi un castrum romain qui servait à défendre la partie nord du pont.

Je continue ma route et après Hinova je souffre sur une formidable côte très longue, où en trois points sont installés des feux alternés (qui mettent une belle pagaille), car la route est impraticable sur la 2ème voie. Je pourrais dire que c'est en travaux, mais dans ce cas précis, ils semblent interrompus depuis bien longtemps.
Heureusement, je quitte peu après la nationale, et grâce à mes cartes achetées à Belgrade, je peux me cuisiner ma petite variante perso, en passant par de tous petits villages, pour couper en partie une grosse boucle qui longe le Danube. C'est très rural, tel que j'imagine la France après la guerre. Aujourd'hui, je croise 3 fois plus de charrettes à cheval que de vélos ou de voitures. Mais pour l'instant je n'ose pas encore prendre de photos des personnes que je croise si je n'ai pas eu un échange avec elles.
Des chiens, je vois beaucoup dans la campagne, mais je n'ai plus peur d'eux : ceux que j'ai croisés sont faméliques et à la recherche de nourriture. Les autres, c'est terrible, sont aplatis sur le côté ou carrément encore au milieu de la route. Déjà en Serbie, ça m'avait un peu choquée, ce carnage routier, mais ici, il y en a vraiment beaucoup, des carcasses plus ou moins décomposées, et maintenant quand je vois un paquet au loin sur la route, je veille à détourner la tête à temps.
A Gruia, je m'arrête photographier la façade de l'église, et bois un café, ici c'est toujours le café à la turque. A voir toutes les affiches collées partout, j'en déduis qu'il y aura bientôt des élections (à moins que ce soit terminé depuis peu).
J'attire de plus en plus l'attention. Les gens sont assis par 2 ou 3 sur des bancs devant les maisons, tout le monde me fait des signes ou m'interpelle. Je ne veux pas paraître impolie et je leur réponds, en répétant comme eux une espèce de "Salute". J'ai l'impression d'être une star qui salue sur son passage !
Je discute aussi avec 3 jeunes qui ont un peu appris l'anglais et l'un d'eux m'inscrit dans mon cahier quelques mots de roumain.
Je suis arrêtée au moins 3 fois par des gens qui tiennent absolument à m'indiquer la route pour Calafat, alors qu'il n y a pas d'autre route !
Mais ce soir, j'ai prévu de faire halte à Cetate, où un "camping" est indiqué sur mes cartes. Encore une dernière côte infernale, et je vire sur 2 km vers le Danube, où je trouve un endroit très curieux, quelques beaux bâtiments anciens dont certains en rénovation, difficiles à décrire. Après avoir dérangé plusieurs personnes, un homme me propose une chambre dans un des bâtiments annexes. Bon, ce n'est pas non plus exactement un camping, mais j'aurais très certainement pu camper là. Comme j'ai vraiment besoin d'une douche, je préfère cette chambre toute simple dans un petit pavillon de 3 chambres, comprenant un grand hall avec de quoi cuisiner et une salle de bain commune. On me propose aussi de me préparer un repas pour le soir.
Je crois à tort que tout cet ensemble est vide ou presque, mais en fait je vois sortir pas mal de personnes réparties dans ces pavillons ou dans la maison principale où le repas a été servi, sur une table à manger de 16 couverts, un élégant salon avec un piano à queue, des objets anciens. Ca me fait penser à une résidence d'artistes.
Il y a beaucoup de chiens ici aussi : en me baladant pour observer l'embarcation amarrée, ils sont arrivés sur moi, et j'en ai compté 11!
Quand l'un se met à aboyer, et que chacun s'y met à son tour, quel raffut!
Christina, la jeune femme qui m'a servie le repas me propose de visiter la maison : effectivement, là-haut sont aménagées d'autres chambres (plus luxueuses que la mienne), des espaces pour travailler, une terrasse sur le soleil couchant.
A l'extérieur, plein d'objets très curieux : vieilles charrettes, crânes d animaux, totems, sculptures..
L'endroit est original et magique.
Avant de me coucher, j'étudie un peu mon itinéraire pour demain : toujours grâce à mes cartes, je m'enhardis, et décide de tenter une variante par la Bulgarie.
aujourd'hui 90 kms

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