le retour 7-10 juillet

La première chose que je fais ce matin, c'est de repartir à Constanta direction boulevard Mamaïa, agence Atlassib.
Là, j'apprends qu'il y a un départ pour Montpellier chaque lundi et jeudi soir, c'est-à-dire que c'est possible de partir le soir même.
D'abord, ça me semble difficile d'envisager de partir dès ce soir, car il me faut démonter le vélo, l'empaqueter, et cette idée me bouscule un peu. Mais rester encore 3 jours ici ne me plait pas trop. J'hésite longuement, mais de toutes façons, je ne peux pas prendre mon billet maintenant, car je dois présenter mon passeport ... qui est consigné au camping !
Ensuite, je me suis mis dans la tête d'utiliser mes Travellers chèques achetés par précaution avant le départ, et dont je ne me suis jamais servis. Sans mentir, je passe plus d'une heure à faire les banques l'une après l'autre, puis quelques grands hôtels 5 étoiles de Mamaïa : c'est tout simplement IMPOSSIBLE ! Je suis donc obligée, pour payer mon billet, de faire un ultime retrait au distributeur, calculé au plus juste. C'est que j'en ai fait des retraits, beaucoup trop car j'ai mal estimé mes besoins, dans ces pays hors zone Euros où on applique une commission et des frais excessifs, qui au bout du compte ont bien fait grimper mon budget !
Ensuite, je retraverse Constanta (je connais maintenant par coeur l'incontournable boulevard Tomis!) pour aller repérer pour ce soir la gare routière d'Atlassib, rue Verde, et évaluer la faisabilité d'un démontage du vélo sur place par moi-même (alternative au démontage par une tierce personne charitable avec arrivée en taxi). La gare routière est OK, il y a une permanence et aussi un guichet pour acheter le billet, mais le passeport ici aussi est exigé.
Je fais encore un tour par Metro (le même que chez nous) pour acheter du matériel d'emballage (en réalité des grands sacs poubelle en plastique et du gros ruban adhésif), et un stylo pour mon ami Mihai, et je rentre au camping. Entretemps, j'ai eu le temps de réfléchir et de prendre la décision d'un départ ce soir et je fais quelques courses alimentaires en prévision du long voyage en bus.
Je règle mon séjour et récupère mon passeport, je file à la plage recueillir un peu de sable en souvenir, je démonte vite vite ma tente, ré-installe mes sacoches, écris un petit mot à Mihai pour lui dire au revoir, car hélas, il n'est pas à sa tente.
Il me faut faire vite pour arriver à l'agence avant sa fermeture à 16h. J'en aurai fait des redoutables aller-retour en vélo camping - Constanta !
Une fois mon billet en poche, j'ai du temps devant moi, et en attendant le soir (départ de l'autobus à 23h), je vais visiter le Musée des arts, au frais et quasiment rien que pour moi. Mon vélo et mes bagages sont à l'abri sous la surveillance du gardien du musée.
Ce sont principalement des peintures du 19ème et 20ème siècle, et aussi quelques sculptures.
Je ne connais pas les artistes, mais j'en remarque certains venus chercher l'inspiration en France : Kimon Loghi (1973-1953) avec un "paisaj in Franta" à Barbizon, Gheorghe Petrascu (1872-1949) avec un "paisaj Senlis" et Theodor Pallady (1971-1956) qui a peint "Pantheon- la Seine".
J'ai de la chance que le Musée reste ouvert jusqu'à 20h.
Ensuite, je vais directement à la gare routière, et j'ai tout mon temps pour m'occuper du vélo avant la nuit. Opération démontage des pédales, alignement du guidon, protection des axes, du dérailleur avec quelques vieux T shirts sacrifiés, emballage du tout avec les sacs poubelles et le scotch.
J'essaie aussi de fabriquer des bagages compacts avec toutes mes sacoches.
Lors de l'enregistrement, j'apprends que les informations données lors de l'achat du billet sont inexactes : d'une part mon bus n'est pas direct pour Montpellier, mais j'aurai un changement dans la nuit à la gare routière de Bucarest, d'autre part je n'arriverai pas à Montpellier mercredi matin, mais JEUDI matin. Bon... mais le billet n'est pas si cher (140 euros).
Le jeune qui s'occupe de l'enregistrement est aux petits soins, vient voir de temps en temps où j'en suis, combien ça me fera de bagages, me propose de l'eau, un endroit propre pour me changer ...
Il me donne quelques conseils, mais en même temps me fait complètement flipper : il insiste beaucoup sur le changement et l'attente à Bucarest, qu'il ne faut surtout pas laisser mes bagages sans surveillance, même pour aller aux toilettes, qu'il y a plein de tsiganes qui vont me repérer comme étrangère et essayer de me voler. Du coup, je panique et me demande bien comment je vais pouvoir me déplacer dans cette gare hostile avec mon vélo démonté qui ne roule pas, et mes bagages sans poignée...
Il me dit aussi de bien faire attention avec le chauffeur à Bucarest, qu'il risque de me demander un supplément pour la bicyclette, mais qu'il faut refuser et menacer de faire une réclamation.
Bref, je suis complètement angoissée par cette terrible épreuve qui m'attend et j'ai l'impression que c'est la dernière partie la plus compliquée de tout mon voyage !
A 23h, nous montons dans un "micro bus" pas confortable qui arrive à Bucarest à 3h30.
Là, je suis un peu rassurée : la gare routière est petite, je n'ai pas à faire des km avec mes affaires, et il n'y a pas à chercher un guichet pour se faire de nouveau enregistrer : un employé s'approche de notre groupe et indique l'heure du départ et le n° du car à prendre pour chacun selon sa destination. Le départ du car pour la France n'est qu'à 6h30, et il reste encore beaucoup de temps à attendre ici.
Une dame m'aborde et vient s'assurer que je vais aussi en France : nous restons ensemble et surveillons mutuellement nos affaires. Elle va à Bordeaux voir sa fille et son petit-fils nouveau-né.
C'est vrai que cette gare routière est à l'image de ce qu'on peut craindre : pas éclairée du tout, encore des dizaines de chiens, pas de tsiganes, mais des clochards qui squattent les rares bancs, qui se lèvent de temps en temps pour vomir ou pisser, et comme en plus c'est pas éclairé du tout, on se demande bien où on met les pieds, et sur quoi on a pu poser nos bagages.
Cette fois-ci, c'est un grand car au confort très correct qui arrive, nos bagages sont déposés dans la soute, mais mon vélo part dans la remorque.
Ouf, maintenant, il ne reste plus qu'à passer le temps jusqu'à l'arrivée.
Incroyable : le car met toute la journée du mardi pour traverser la Roumanie, c'est dû à l'état des routes, des travaux, des bouchons, des longues escales dans certaines gares. Il s'arrête à Ploesti, Brasov, Fagaras, Sibiu, Sebes, Deva, Lugoj, Timisoara, Arad pour prendre de nouveaux voyageurs et de la messagerie.
Nous passons la frontière hongroise dans la nuit, et comme si c'était pas assez long, les douaniers ne trouvent rien de mieux que de bloquer notre car, de faire descendre tout le monde, d'installer des tables et de se faire présenter tous les bagages. Apparemment, ils recherchent des cigarettes. Je suis à la fête, avec mes sacoches bien serrées au scotch. Heureusement, je passe la dernière, et le douanier se contente de les tâter sans tout défaire.
Nous traversons donc la Hongrie dans la nuit, puis l'Autriche et l'Italie dans la journée du mercredi. Le soir nous sommes à Nice, mais il faut encore toute la nuit pour passer Cannes, Toulon, Marseille, Avignon et arriver enfin le jeudi matin à Montpellier. Il est 5h30, on a même de l'avance sur l'horaire annoncé.
Et voilà, opération menée à son terme.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

bravo jojo
ravie que tu sois revenue sans encombre même si ce fut long.
j'espère te voir un de ces jours !!
bises, anne-marie