Budget du voyage et quelques réflexions

Huit mois après mon retour, et deux mois avant la date prévue pour un autre voyage, il est temps de terminer ce blog en rapportant quelques chiffres, quelques données du budget de ce voyage (j'y tenais car j'aime affirmer qu'on peut tout-à-fait partir loin et longtemps sans pour autant y laisser toutes ses économies), ainsi que quelques réflexions.

Le point de départ : dès que j'ai découvert l'existence de l'Euvélo6, j'ai eu un coup de coeur pour l'idée simple et géniale de traverser l'Europe en utilisant les fleuves comme fil conducteur, et, séduite par l'absence de difficultés vantée par le site (je crains principalement les gros dénivelés), je me suis dit "Voilà un truc pour moi !".
Ce qui m'a enthousiasmée au départ : le Danube et tout ce que ce nom m'évoque de légendes, d'Histoire, ainsi que l'objectif final du voyage : le delta du Danube, inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco. Mais également, l'idée de traverser tous ces pays, pour la plupart inconnus, précédés de mystère et d'exotisme, me fascinait et excitait ma curiosité.


J'ai juste adapté l'itinéraire :

  • en décidant de partir "de la maison" ou tout comme
  • en utilisant un topo acheté l'année précédente "Le Rhône à vélo", très bien fait, qui détaille un itinéraire longeant le Rhône de sa source en Suisse jusqu'à Port St Louis du Rhône. J'ai suivi ce topo dans le sens inverse de sa description, c'est pourquoi je me suis quelquefois égarée.
  • en suivant quelques unes des nombreuses et confortables véloroutes suisses pour rejoindre l'Eurovélo 6 peu après Bâle, longer un bout du Rhin et rejoindre le Danube peu après sa source.

Motivations

Il s'agissait de

  • réaliser un rêve ancien que je pensais inaccessible et en tous cas pas pour moi. Oser partir étant le premier pas, la suite s'est faite toute seule.
  • partir en solo, ce n'est pas vraiment un choix déterminé au départ, mais il s'est avéré très satisfaisant à l’arrivée, pour la disponibilité : en couple, ou en groupe, on n'aborde pas les gens de la même façon, et inversement, les autres hésitent à vous aborder.
  • montrer qu'il n'est pas question d'exploit, mais prouver que c'est quelque chose d'accessible, pour une femme, comme pour un homme, avec un petit budget, sans préparation physique particulière....
  • défier les nombreuses mises en garde entendues de toutes parts, avant et pendant le voyage, sur tous ces dangers potentiels qui guettent une femme, surtout seule : solitude, vols, agressions, les « féroces chiens roumains », les tsiganes, les serbes, etc…
    Avant de partir, je voyais ce projet comme une expérience, que je ne mènerai pas forcément jusqu'au bout, mais que ce serait déjà pas si mal si j'arrivais en Allemagne, par exemple. Un peu par superstition, et aussi par manque d'assurance, j'imaginais toutes sortes de choses qui pourraient m'obliger à rentrer : un accident, le vol de mon vélo, de mes papiers ou de ma carte bleue, un pépin à la maison, un coup de cafard, .... et puis, une fois partie, tout a été si facile d'avancer jour après jour. Chaque matin en me réveillant, je m’émerveillais d'être arrivée si loin.

Principes de départ

  • autonomie : matériel de camping et mini réchaud
  • (très) petit budget : pas question de taper dans mes économies : il s'agit de vivre sur mes ressources habituelles, tout en continuant à prendre en charge les frais liés à mon domicile ==> donc, toujours limiter les dépenses au nécessaire
  • Eviter le camping sauvage (promesse négociée pour ma sécurité) et le soir pouvoir prendre une douche et faire une lessive de ma tenue du jour : ces principes se sont avérés impossibles à respecter !
  • Rester en contact avec les miens grâce au présent blog (+ téléphone)
  • Ne pas être esclave du kilométrage, suivre mon inspiration, être ouverte à l'inattendu et aux rencontres, improviser selon les opportunités

Quelques données chiffrées ou non
  • durée du voyage : 67 jours, y compris les 3 jours du voyage retour, soit du 4 mai au 10 juillet 2008
  • 10 frontières traversées : Suisse, Allemagne, Tchéquie (hors eurovélo6), Autriche, Slovaquie, Hongrie, Croatie, Serbie, Roumanie, Bulgarie
  • quelques nuits dans des endroits insolites : dans la forêt de la Sumava en Tchéquie, sur la paille dans une ferme en Allemagne, chez Georges à Turnu Magurele, sur une terrasse de bistro à l'embarquement du ferry à Calarasi, dans un monastère, dans une colonie de vacances, dans le dortoir des vendangeurs du ranch de Victor...
  • un chargement de 35 à 40 kg, vélo compris : 2 sacoches de 12.5 l chacune à l'avant, à l'arrière un pack de 2 petites sacoches reliées par un "pont" sur le porte-bagages, surmonté d'un baluchon contenant tente et couchage. Ce dernier système s'est avéré un peu limite en capacité, et surtout trop long à mettre en place et à retirer le soir. Si j'ai les moyens, je remplacerai ce matériel par des sacoches étanches qui se clipsent en un clin d'oeil sur le porte-bagages, mais c'est cher !
  • Aucun problème mécanique : les pneus Schwalbe sont à la hauteur de leur réputation, et je n'ai eu aucune crevaison. J'ai fait régulièrement contrôler la pression des pneus (mais pas assez souvent, m'a-t-on dit) et j'ai souvent pensé à huiler les axes de roues, la chaîne. Quelques éraflures sur le cadre, une attache de sacoche à refixer, c'est tout ! J'oubliais que j'ai quand même complètement bouffé mon patin de frein arrière, jusqu'au fer !
  • budget du voyage (non compris le vélo et ses équipements) : 1840 €, qui comprend l'hébergement, la nourriture, les consommations, les transports (ferries, voyage du retour en car), la partie communication (cartes téléphoniques, courrier, sessions internet), les visites, quelques achats de nécessité... cela m'est donc revenu à moins de 27,50 € par jour.
    Quelques constatations en vrac rapportées à ma seule expérience sur mes dépenses et leur variation selon les pays traversés :
    • les moins chers pour la nourriture étaient la Serbie et la Bulgarie ; pour le prix des hôtels : Hongrie et Serbie. Les tarifs d'hébergement, même en camping, sont toujours désavantageux quand on est seul (on paie la plupart du temps comme pour un couple, ou comme par hasard, y'a plus que des chambres doubles, etc...)
    • Internet m'a coûté une fortune en Suisse (mais qu'est-ce qui n'est pas cher en Suisse ?), mais très peu en Hongrie, Serbie, Bulgarie, assez bon marché en Roumanie.
    • On le sait, mais je le rappelle, l'utilisation du téléphone portable à l'étranger est réellement ruineux !
    • Mes travellers chèques ont été absolument inutiles : A Constanta, la 2ème ville de Roumanie, aucune banque n'a voulu les prendre, les hôtels non plus !
    • J'ai utilisé ma carte Bleue pour obtenir des devises dans les pays hors zone Euro, mais chaque fois, j'ai mal estimé mes besoins, ce qui m'a coûté très cher en frais bancaires et commissions : mon récapitulatif annuel de frais bancaires indique une somme globale de 86,17 € représentant le coût de tous ces petits retraits.

Ce qui m'a manqué/ ce qui m'a été inutile ...
  • m'ont manqué : pas grand chose, surtout de l'anti-moustique, en Roumanie ; j'ai aussi été un peu à court de lecture ; je me suis parfois égarée faute de disposer des topos ou guides, mais en cours de route, j'ai pu me procurer le Donau Radweg 4 et surtout les cartes Huber, qui m'ont été très utiles.
  • inutile : une paire de demi-semelles en silicone, le chargeur solaire à manivelle pour téléphone / radio et lampe de poche : j'ai toujours pu recharger mon téléphone en temps voulu, la radio est inaudible et nécessite de tourner la manivelle toutes les 20 secondes, enfin, c'est très bruyant, même chose pour la torche. Je ne suis jamais servie de mon pantalon imperméable vélo.
  • objets perdus (et rachetés) : clips solaires, lampe de lecture, brosse à cheveux, stylos, barrettes
  • objets récupérés : une thermos, une carte routière de la région de Györ en Hongrie (cadeau de Gilbert et Marianne), des affiches électorales (de Valeria), une petite boîte de pommade pour calmer les piqûres de moustiques, type baume du tigre (encore Valéria) et une méthode d'apprentissage des verbes irréguliers (de George)

Mes petits bonheurs

  • le plaisir de faire du vélo au quotidien : victoire sur soi-même, quand ça grimpe longtemps et qu’on pose pas le pied à terre, quand l’étape est longue, plaisir de la vitesse quand ça descend... En réalité, je dis ça parce que ça fait bien, mais non, le trip du dépassement de soi etc ..., ce n'est pas exactement ma tasse de thé. Pour moi la pratique du vélo, je l'associe davantage au bien-être tout simplement (endorphines ?).
  • Découvrir et apprécier chaque instant au rythme lent du vélo : on voit les détails, on a le temps de savourer, on peut s’arrêter quand on veut, repartir en arrière … : plaisir de rouler sur des pistes cyclables confortables (enfin, ça c'était au début du voyage !), loin des villes et du trafic, petites routes, villages, campagnes. Les gens y sont plus curieux et bienveillants.
    Constater l’avancée des cultures d’une semaine à l’autre (par exemple, les hauteurs des maïs), leur variété en avançant vers l’est.
  • les découvertes de ces pays étranges et étrangers, me lancer dans la pratique des langues oubliées depuis le lycée, me trouver dans des endroits pas ordinaires (Mauthausen, inoubliable Budapest, Vukovar encore en ruines, le km 0 à Sulina, la balade en bateau dans le delta…)
  • Etre accessible, faire des rencontres : dans la vie de tous les jours, les occasions d’entamer la conversation avec des inconnus ne sont pas si nombreuses. Grâce au vélo, on a beaucoup d’occasions d'en faire, et le plus souvent elles sont belles et chaleureuses. A mon sens, c’est encore plus vrai si on est seule (et une femme, encore plus, je pense !). J'ai trouvé des personnes extraordinaires, insolites, délicieuses : Jacqueline et son fils, M. Buckhart, Alain, Sabine, Gilbert et Marianne, Marina, Dragan le rocker, Violaine, Valéria et George, Jossif, Victor, Julian, Lucian, Mihaï, Chris et Simon, et tous les autres...
  • S’affranchir des contraintes habituelles : bien sûr, en vélo on a des contraintes (poids du chargement, fatigue, météo). Mais avec le principe du voyage (surtout seul) en autonomie, on est plus libre : rien à réserver, pas d’horaire fixe, on peut à tout moment modifier le «prévisionnel »… C'est trop bien, mais quand on part longtemps, gare au ...syndrome du retour !
  • Prendre conscience plus que jamais qu'avoir confiance en soi et en les autres permet de vaincre les difficultés : tout problème finit toujours par trouver une solution, même si elle est parfois inattendue.

Au final, j'ai toujours une très grande envie de repartir ce printemps : j'ai gagné quelques invitations et j’ai maintenant un petit carnet d’adresses dans tous ces pays.

Je suis rentrée

Bon, maintenant que je suis rentrée, il n'y a plus grand'chose d'intéressant à raconter sur ce blog que je vais bientôt clôturer.

D'autant plus que si je suis très heureuse d'avoir retrouvé les miens, le retour à la vie normale et ordinaire ne se présente pas si bien : pendant plus de 2 mois, je me suis dégagée de tout souci matériel, et je n'avais à m'occuper que de choisir un itinéraire, et de décider de mes étapes et de mes hébergements. Et maintenant, m'arrivent à la figure un tas de (petits) soucis désagréables à régler, style trouver un nouveau locataire pour remplacer celui qui est parti depuis 15 jours sans prévenir, réparer les WC qui fuient (et oui !!!), trouver pourquoi mon ordi ne se connecte plus à Internet, la batterie de la voiture qui s'est déchargée (par ma faute!), sans compter le nettoyage et le rangement de tout mon matériel de voyage, la reprise du rythme des courses, de la bouffe, du ménage, des lessives, de l'entretien et arrosage du jardin, etc....
J'essaie quand même de refaire surface, de reprendre vite vite le contact avec tous mes amis de rencontre, envoyer et répondre aux mails, envoyer des cartes, téléphoner, rembourser le charmant monsieur Stark de Hausen im Tal qui m'avait avancé ces 50 euros ...
Au fait, je suis allée sur le site de Benoit le cyclonomade québécois, qui m'a fait la surprise et l'honneur d'y mettre ma photo (avec les références de ce blog) et d'évoquer les moments passés ensemble (voir ses articles des 15 et 16 juin). J'ai pu lire qu'il a été sérieusement malade en Bulgarie, il va mieux et est actuellement en Turquie où il semble s'éclater. Quelle chance, et quel courage ! Je continuerai à suivre régulièrement son circuit.
Et à vous tous qui m'avez soutenue tout au long de ce voyage, qui m'avez suivie fidèlement et encouragée, MERCI ! Vous n'imaginez pas le plaisir que j'ai eu de lire vos petits (et longs) messages. J'avais mis une option sur ce blog pour recevoir par e-mail tous les commentaires que vous avez laissés, quelque soit le message auquel ils se rapportent : donc, comme la première chose que je faisais en me connectant à Internet, c'est d'ouvrir ma messagerie, je n'en ai loupé aucun. Et désolée pour ceux, nombreux, qui n'ont pas compris comment déposer un commentaire (il suffit de cliquer sur le lien Commentaire après chaque message !).
Quand j'aurais un peu de recul, je ferai ici un bref bilan technique de ce voyage (statistiques, budget ...). Quand au bilan moral, inutile d'en mettre des tonnes : c'était tout simplement ENORME !
Pour ceux qui me disent bravo, merci beaucoup, mais, je reste modeste, il n'y avait aucun exploit physique (je n'ai pas franchi de cols élevés, je ne me suis pas battue à mains nues avec un ours, et je ne suis pas devenue sportive pour autant!), mais peut-être mental.
En réalité, j'ai eu le temps d'y réfléchir, je pense que j'ai vraiment eu du bol, tous les jours, de vivre cela comme l'aventure telle que j'avais plus ou moins rêvée, en me laissant conduire par ma bonne inspiration ou par les événements tels qu'ils se sont présentés.
Je n'ai eu aucun problème mécanique, même pas une crevaison (mais pour ça, j'avais entièrement confiance en mon vélociste qui a su si bien préparer mon vélo), pas de problème d'agression non plus, malgré toutes les mises en garde que j'ai pu entendre avant et pendant le voyage, sur le serbes, les roumains, les tsiganes..., bien au contraire.
Au final, je ne regrette pas du tout d'être partie seule, et d'avoir continué seule, car le fait d'être aussi disponible et sans contraintes m'a permis de faire des tas de belles rencontres et découvertes que je n'aurais sûrement pas faites en groupe.
Le fait d'être une femme m'a également ouvert beaucoup de portes, car je pense qu'à un homme on n'aurait peut-être pas proposé autant d'aides....
Je pense déjà à repartir, maintenant que j'ai éprouvé la grande fiabilité de ce vélo, et de mon matériel ... Je ne sais pas où, en fait les possibilités de voyage en vélo depuis la France me semblent un peu fades après ce voyage-là. Peut-être plus simplement un tour de France à ma façon, pour faire le tour des amis et de la famille. L'idée de refaire le Danube dans le sens inverse me tenterait aussi.

le retour 7-10 juillet

La première chose que je fais ce matin, c'est de repartir à Constanta direction boulevard Mamaïa, agence Atlassib.
Là, j'apprends qu'il y a un départ pour Montpellier chaque lundi et jeudi soir, c'est-à-dire que c'est possible de partir le soir même.
D'abord, ça me semble difficile d'envisager de partir dès ce soir, car il me faut démonter le vélo, l'empaqueter, et cette idée me bouscule un peu. Mais rester encore 3 jours ici ne me plait pas trop. J'hésite longuement, mais de toutes façons, je ne peux pas prendre mon billet maintenant, car je dois présenter mon passeport ... qui est consigné au camping !
Ensuite, je me suis mis dans la tête d'utiliser mes Travellers chèques achetés par précaution avant le départ, et dont je ne me suis jamais servis. Sans mentir, je passe plus d'une heure à faire les banques l'une après l'autre, puis quelques grands hôtels 5 étoiles de Mamaïa : c'est tout simplement IMPOSSIBLE ! Je suis donc obligée, pour payer mon billet, de faire un ultime retrait au distributeur, calculé au plus juste. C'est que j'en ai fait des retraits, beaucoup trop car j'ai mal estimé mes besoins, dans ces pays hors zone Euros où on applique une commission et des frais excessifs, qui au bout du compte ont bien fait grimper mon budget !
Ensuite, je retraverse Constanta (je connais maintenant par coeur l'incontournable boulevard Tomis!) pour aller repérer pour ce soir la gare routière d'Atlassib, rue Verde, et évaluer la faisabilité d'un démontage du vélo sur place par moi-même (alternative au démontage par une tierce personne charitable avec arrivée en taxi). La gare routière est OK, il y a une permanence et aussi un guichet pour acheter le billet, mais le passeport ici aussi est exigé.
Je fais encore un tour par Metro (le même que chez nous) pour acheter du matériel d'emballage (en réalité des grands sacs poubelle en plastique et du gros ruban adhésif), et un stylo pour mon ami Mihai, et je rentre au camping. Entretemps, j'ai eu le temps de réfléchir et de prendre la décision d'un départ ce soir et je fais quelques courses alimentaires en prévision du long voyage en bus.
Je règle mon séjour et récupère mon passeport, je file à la plage recueillir un peu de sable en souvenir, je démonte vite vite ma tente, ré-installe mes sacoches, écris un petit mot à Mihai pour lui dire au revoir, car hélas, il n'est pas à sa tente.
Il me faut faire vite pour arriver à l'agence avant sa fermeture à 16h. J'en aurai fait des redoutables aller-retour en vélo camping - Constanta !
Une fois mon billet en poche, j'ai du temps devant moi, et en attendant le soir (départ de l'autobus à 23h), je vais visiter le Musée des arts, au frais et quasiment rien que pour moi. Mon vélo et mes bagages sont à l'abri sous la surveillance du gardien du musée.
Ce sont principalement des peintures du 19ème et 20ème siècle, et aussi quelques sculptures.
Je ne connais pas les artistes, mais j'en remarque certains venus chercher l'inspiration en France : Kimon Loghi (1973-1953) avec un "paisaj in Franta" à Barbizon, Gheorghe Petrascu (1872-1949) avec un "paisaj Senlis" et Theodor Pallady (1971-1956) qui a peint "Pantheon- la Seine".
J'ai de la chance que le Musée reste ouvert jusqu'à 20h.
Ensuite, je vais directement à la gare routière, et j'ai tout mon temps pour m'occuper du vélo avant la nuit. Opération démontage des pédales, alignement du guidon, protection des axes, du dérailleur avec quelques vieux T shirts sacrifiés, emballage du tout avec les sacs poubelles et le scotch.
J'essaie aussi de fabriquer des bagages compacts avec toutes mes sacoches.
Lors de l'enregistrement, j'apprends que les informations données lors de l'achat du billet sont inexactes : d'une part mon bus n'est pas direct pour Montpellier, mais j'aurai un changement dans la nuit à la gare routière de Bucarest, d'autre part je n'arriverai pas à Montpellier mercredi matin, mais JEUDI matin. Bon... mais le billet n'est pas si cher (140 euros).
Le jeune qui s'occupe de l'enregistrement est aux petits soins, vient voir de temps en temps où j'en suis, combien ça me fera de bagages, me propose de l'eau, un endroit propre pour me changer ...
Il me donne quelques conseils, mais en même temps me fait complètement flipper : il insiste beaucoup sur le changement et l'attente à Bucarest, qu'il ne faut surtout pas laisser mes bagages sans surveillance, même pour aller aux toilettes, qu'il y a plein de tsiganes qui vont me repérer comme étrangère et essayer de me voler. Du coup, je panique et me demande bien comment je vais pouvoir me déplacer dans cette gare hostile avec mon vélo démonté qui ne roule pas, et mes bagages sans poignée...
Il me dit aussi de bien faire attention avec le chauffeur à Bucarest, qu'il risque de me demander un supplément pour la bicyclette, mais qu'il faut refuser et menacer de faire une réclamation.
Bref, je suis complètement angoissée par cette terrible épreuve qui m'attend et j'ai l'impression que c'est la dernière partie la plus compliquée de tout mon voyage !
A 23h, nous montons dans un "micro bus" pas confortable qui arrive à Bucarest à 3h30.
Là, je suis un peu rassurée : la gare routière est petite, je n'ai pas à faire des km avec mes affaires, et il n'y a pas à chercher un guichet pour se faire de nouveau enregistrer : un employé s'approche de notre groupe et indique l'heure du départ et le n° du car à prendre pour chacun selon sa destination. Le départ du car pour la France n'est qu'à 6h30, et il reste encore beaucoup de temps à attendre ici.
Une dame m'aborde et vient s'assurer que je vais aussi en France : nous restons ensemble et surveillons mutuellement nos affaires. Elle va à Bordeaux voir sa fille et son petit-fils nouveau-né.
C'est vrai que cette gare routière est à l'image de ce qu'on peut craindre : pas éclairée du tout, encore des dizaines de chiens, pas de tsiganes, mais des clochards qui squattent les rares bancs, qui se lèvent de temps en temps pour vomir ou pisser, et comme en plus c'est pas éclairé du tout, on se demande bien où on met les pieds, et sur quoi on a pu poser nos bagages.
Cette fois-ci, c'est un grand car au confort très correct qui arrive, nos bagages sont déposés dans la soute, mais mon vélo part dans la remorque.
Ouf, maintenant, il ne reste plus qu'à passer le temps jusqu'à l'arrivée.
Incroyable : le car met toute la journée du mardi pour traverser la Roumanie, c'est dû à l'état des routes, des travaux, des bouchons, des longues escales dans certaines gares. Il s'arrête à Ploesti, Brasov, Fagaras, Sibiu, Sebes, Deva, Lugoj, Timisoara, Arad pour prendre de nouveaux voyageurs et de la messagerie.
Nous passons la frontière hongroise dans la nuit, et comme si c'était pas assez long, les douaniers ne trouvent rien de mieux que de bloquer notre car, de faire descendre tout le monde, d'installer des tables et de se faire présenter tous les bagages. Apparemment, ils recherchent des cigarettes. Je suis à la fête, avec mes sacoches bien serrées au scotch. Heureusement, je passe la dernière, et le douanier se contente de les tâter sans tout défaire.
Nous traversons donc la Hongrie dans la nuit, puis l'Autriche et l'Italie dans la journée du mercredi. Le soir nous sommes à Nice, mais il faut encore toute la nuit pour passer Cannes, Toulon, Marseille, Avignon et arriver enfin le jeudi matin à Montpellier. Il est 5h30, on a même de l'avance sur l'horaire annoncé.
Et voilà, opération menée à son terme.

Constanta (Navodari) le 6 juillet

Au camping, la nuit a été chaude et bruyante, chacun écoutant la musique de son auto radio, portière ouverte, jusque tard.
C'est dimanche matin, et je m'impatiente d'attendre lundi pour pouvoir régler la question de mon retour en bus. Alors je décide de retourner à Constanta repérer l'agence Atlassib puisque la gérante du camping m'a indiqué où elle se trouve.
Je repars donc en vélo jusque là. Pour traverser la zone de Mamaïa, une sorte de guichet comme un péage d'autoroute est installé à l'entrée et à la sortie du site. Avec mon vélo, je passe sans problème, mais je ne comprends pas si les voitures doivent payer une taxe ou présenter une carte....
C'est le matin, la circulation est un peu moins dense qu'hier, mais quand même, il faut faire attention à tout, surtout aux automobilistes qui arrivent de la droite, car ils n'ont pas priorité, mais ils s'engagent quand même sur la voie jusqu'au tiers de leur voiture, ce qui fait qu'en vélo, je n'ai plus qu'à piler et attendre qu'ils libèrent le passage. Au début, je suis indignée et leur crie dessus, mais ça les surprend, et je comprends plus ou moins que c'est une tolérance, tout comme démarrer avant que le feu soit vert, car ici les feux sont équipés d'un compteur qui décrémente le nombre de secondes avant le changement de couleur du feu. Ce qui fait que les carrefours sont toujours encombrés. Je deviens dingue dans cette anarchie.
Bon, j'arrive à trouver le Delfinarium, qui est le point de repère pour trouver l'agence Atlassib, et, miracle, l'agence est bien sur le boulevard Mamaïa, et même, j'ai l'impression qu'elle est ouverte. Mais en réalité, les 2 gars de permanence ne sont là pour réceptionner des colis, car Atlassib fait du transport de personnes, mais c'est aussi une agence de messagerie (d'ailleurs, sur leurs camions, on peut lire "Post Atlassib"). On me dit de revenir demain à partir de 8h.
Je suis un peu plus tranquille, maintenant que j'ai constaté la réalité de cette agence, et je repars, cette fois ci, en prenant le "front de mer" piéton de Mamaïa, pour changer d'abord, et au moins être à l'abri des voitures, et voir à quoi ça ressemble.
Je cherche à acheter des timbres dans un hôtel, en vain, car il faut les acheter à la Poste. Pas de journaux en français non plus.
Le front de mer ressemble à tous les fronts de mer, mais celui-là est interminable, que des resto, pizzerias, bars, marchands de glace, de fringues...
Bien sûr beaucoup de monde, tous ont un truc à manger à la main, quelle que soit l'heure, il me semble.
Avec ces gondolinas, on peut surplomber sur 2 km au moins tout le site.
Comme je roule au pas, ou que je marche à côté de mon vélo, je mets beaucoup de temps à rentrer au camping, qui se trouve carrément à Navodari, c'est-à-dire avant Mamaïa, près des usines pétrochimiques que d'ailleurs on voit très bien depuis la plage du camping. D'ailleurs, sur le message d'hier, on peut distinguer ces usines en zoomant sur une des photos de plage.
Bonne surprise, le camping s'est vidé d'un bon tiers, car c'est la fin du week end. Le coin où j'ai planté ma tente est enfin respirable. Près de moi, une petite tente s'est installée : c'est un campeur solitaire qui est arrivé sans voiture. Je me dis que ça changera un peu de ces familles bruyantes.
C'est la fin de l'après-midi, et je vais faire un tour à la plage, me baigner, et essayer de faire quelque chose pour mon bronzage à 3 niveaux (car mes cuissards ne sont pas de la même longueur).
Au retour à la tente, je discute avec mon nouveau voisin, Mihaï, un garçon adorable, mais qui malheureusement ne parle pas de langue étrangère. Maintenant, j'ai acquis un peu de pratique pour utiliser quelques mots universels, ou en roumain que j'ai repérés, assez pour engager une conversation basique et limitée. Il s'intéresse aussi à ma bicicleta, à mon voyage, etc... On arrive à quelques échanges à l'aide de dessins, de mimiques, de gestes... Mihaï est venu en transport en commun de Ploesti.
Il a perdu un bras, dans un accident de train, me dit-il, et j'admire sa manière toute simple de se débrouiller dans la vie, comment il a décidé de partir en vacances tout seul, comment il a monté sa tente, etc.... Mais je suis encore plus admirative quand il m'explique qu'il a le projet de suivre comme moi le Danube, dans le sens Roumanie-Allemagne, en vélo. Il a une manière très émouvante de hausser les épaules en souriant et en penchant la tête, comme pour dire "il faut bien que je m'arrange avec ça".
Nous passons la fin de la soirée au bar du camping, avec la petite bière pression Ciuc.

Babadag-Constanta le 5 juillet

Sur le camping de Babadag, il y a pas moins de 12 chiens, mais ils n'aboient pas et ne réclament rien, ils sont juste là à me suivre avec leurs yeux tristes, à me lécher les pieds. Je ne me décide pas à leur donner mon bout de salami, car il n'y en a pas pour tout le monde.
Je me mets en route, et vers 10h30, je suis surprise de me faire doubler par Chris et Simon, qui sont seulement partis ce matin de Murighiol! Pas moyen de les semer...
J'ai un peu peur de rouler avec eux, car je pense qu'ils vont mener un train d'enfer. En fait pas du tout, je tiens très bien ma place, et ils me félicitent pour ma bonne condition physique. J'aurais tout entendu !
Nous arrivons sur le site de Constanta vers 14h, comme ils connaissent déjà l'endroit, ils me conseillent un camping. Eux vont retrouver l'hôtel où ils ont déjà séjourné. Je m'installe donc au camping Holidays, c'est un peu de la folie, il est plein comme un oeuf, les tentes et les voitures dans tous les sens. J'ai du mal à trouver un espace pour ma tente.
Ensuite je pars en vélo pour Constanta centre, qui est à 12 km, pour trouver un bureau de tourisme, et commencer à débloquer les choses pour le retour, car demain dimanche tout sera fermé. Mais je m'y prends mal, je démarre un peu trop tard, j'ai beaucoup de mal à entrer dans Constanta car il y a une circulation infernale, es voitures de luxe garées n'importe comment, et qui ne respectent pas du tout les vélos. De toute façon, ma démarche est vaine, je ne trouve rien, aucun bureau de tourisme (dans la 2ème ville du pays!) ou alors ils l'ont bien caché ! Et je commence à me décourager. Le site ici, c'est entre Disneyland et las Vegas : une succession d'hôtels et de restaurants, de casinos, d'attractions (aqua magic, gondolinas...), bref, l'endroit où j'irai jamais passer mes vacances. Du coup j'ai déjà hâte de partir. De retour au camping, je discute avec la patronne qui m'indique l'adresse de l'agence Atlassib, avec laquelle je prévois de rentrer à Montpellier, elle me propose aussi de me fournir le moment venu en plastiques, cartons et ruban adhésif pour emballer le vélo.
Je vais jeter un coup d'oeil a la plage, comme il y a du vent, il y a plein de kitesurf, exactement comme chez nous.






Le soir, je retrouve Chris et Simon venus diner avec moi au resto-self de mon camping. Entre temps, ils ont encore changé d'avis, car leur hôtel a augmenté ses prix (on est maintenant en saison haute) et veulent trouver une pension ou alors carrément descendre vers la Bulgarie, car leur vol de retour n'est prévu que pour dans 1 semaine. On finit par se dire au revoir je pense pour la dernière fois.
Même si l'idée de retrouver ma petite vie ordinaire m'angoisse un peu, je sens que dans ma tête, je suis maintenant prête à rentrer, et vraiment, l'endroit ne m'inspire pas assez pour y rester encore longtemps.

Murighiol-Babadag le 4 juillet

Le matin, pour la première fois, je fais la grasse matinée, et ne me lève qu'à 10 h passées. Je rassemble mes affaires mais avant de me mettre en route, j'attends le retour de balade de Chris et Simon (dont ils reviennent ravis), car ils m'avaient promis de me montrer comment démonter les pédales et aligner le guidon, en vue du compactage du vélo pour le transport du retour.
Photo de la maison de Vissilivka et de nous sous sa fraîche tonnelle.
Je les accompagne au resto où ils vont déjeuner, pour prendre un dernier café avec eux , et démarre vers 14h. On se dit au revoir, tout en étant persuadés qu'on n'a sans doute pas fini de se retrouver puisqu'ils vont aussi partir demain sur Constanta.
Encore une petite photo de charrette, notez que je commence à être moins timide avec les charrettes, maintenant que je me suis implantée depuis 2 jours à Murighiol !





Je ne sais pas encore trop quelle route je vais prendre pour Constanta, il y en a une très tentante par Jurilovka, mais Chris et Simon m'ont dit qu'elle était dans un état épouvantable, photos à l'appui. Mais l'autre route semble plus fréquentée.
Je croise un couple de cyclos allemands qui ont aussi suivi le Donau radweg depuis Budapest. Ils viennent de Constanta et vont voir le Delta. Nous échangeons nos expériences et eux aussi me déconseillent la route de Jurilovka. Je leur donne l'adresse de Conrad à Murighiol, puisque ma chambre est libre.
Je décide donc d'éviter la mauvaise route et prends la direction de Babadag. Le vent est très fort. D'abord je le reçois latéralement, puis de face et c'est épuisant, je n'avance pas. Je longe un lac à la belle couleur verte, et dont les vagues témoignent de la force du vent.
A Babadag, je remarque un panneau "camping cabana" et je décide d'arrêter là pour la journée. Le camping est tout en haut d'une colline, au bout d'une montée de fous, mais la vue est très belle, sur le lac de Babadag.

Le problème est que le terrain est fortement en pente et que rien n'est plat pour monter une tente. Pas de douche non plus, juste des WC modèle rustique à l'ancienne et sans chasse.
Au début je suis la seule, mais 2 groupes de personnes arrivent avec des tentes, pour pique-niquer, faire des grillades en musique.
aujourd'hui seulement 55 km

Murighiol le 3 juillet

Depuis Tulcea, j'ai roulé bien doucement jusqu'à Murighiol. Déjà, la sortie de Tulcea présente une descente très longue et pentue, sur des pavés super mal assemblés.
Puis il y a quelques dénivelés bien sentis. Mais le vent n'est pas défavorable, il est déjà un peu tard, donc il ne fait pas trop chaud et j'ai décidé d'y aller mollo. Je me lance aussi dans les photos de charrettes pour GG qui l'a bien mérité.


A Murighiol, il y a effectivement un camping à l'entrée du village, où je m'installe.
Il est minuscule, vide, très basique et honteusement cher. Une famille allemande vient d'arriver aussi, mais ils font comme s'ils ne m'avait pas vue, ça me fait bizarre. La gérante du camping me dit qu'ils sont intéressés par une ballade dans le Delta demain et que si je me joins a eux, je pourrais obtenir un prix pas trop élevé.
Donc le lendemain matin, j'espère capter au moins leur regard pour entamer une conversation et savoir si quelque chose va s'organiser avec eux, mais je les vois partir à pied, sac au dos, avec leur chien.
Entre temps, la gérante du camping avait "convoqué" un de ses "amis" qui possède une barque, et ensemble, nous attendons le retour des allemands. Le temps passe, et visiblement, elle a dû mal les comprendre ou alors ils ont changé d'avis. Je suis un peu énervée de rester plantée là sans perspective pour la journée, et j'annonce que je vais faire un tour au port tenter autre chose. Alors elle me retient, téléphone à je ne sais qui, m'annonce que des touristes roumains vont arriver et que je pourrais me joindre à eux, etc... Elle me conduit elle-même au port, mais de touristes, roumains ou non, point! Le port est vide, à part des barques justement en attente de touristes, et quelques bateaux de plaisance. Elle m'organise un tour de 2 heures pour un prix assez cher (100 lei, le prix que je paie ici pour une chambre double dans un 3 étoiles), c'est vrai que l'essence ici coûte le même prix qu'ailleurs, et que ces pêcheurs ne travaillent que l'été. Je sens bien que je me suis laissée arnaquer, mais je ne peux quand même pas partir d'ici sans avoir fait une ballade dans le Delta.
J'ESPERE QUE VOUS ETES PARTANTS POUR LA SEANCE PHOTOS QUI SUIT !!! Au fait, c'était bien ça mon objectif, non ?
Je vois des cormorans, des aigrettes, des ibis et des pélicans, mais très peu et d'assez loin. Cette partie du Delta est réputée pour ses colonies de pélicans. On passe aussi le petit village de pêcheurs d'Uzlina, et la "maison" de Caucescu (pas de photo) qui possédait ici une réserve de chasse privée.

























































Ensuite, je rentre à pied au camping.

En chemin, dans le village, je retrouve Chis et Simon, qui sont partis ce matin de Tulcea, déjà attablés devant une bière. Ils sont sur un bon plan pour une chambre chez l'habitant et me proposent de négocier aussi pour moi. L'idée de quitter ce camping cher et pas terrible me plait bien, et je déménage donc pour une belle chambre fraîche dans la maison de Conrad et Vassilivka. Entre temps, les allemands du camping sont rentrés et je me risque à leur demander s'ils ont fait une belle promenade, mais c'est la cata pour eux : leur chien vient de se faire écraser par un chauffard, il est mort, et eux sont furieux, à juste titre, ici la vie d'un chien ne pèse rien du tout, alors ils démontent tout pour rentrer chez eux sur le champ.
Le soir, nous allons avec Chris et Simon manger au seul resto, de bonnes grillades. Autour de nous, il y a là encore plusieurs chiens, dont un tout petit et affectueux qui vient nous voir sans cesse pour chercher des caresses, mais qui se sauve dès que le patron-cuisinier, tout de blanc vêtu (nous l'appelons "herr Doktor") arrive pour le chasser.
Au retour, Chris va acheter une bouteille de vin rosé demi-sec et tiède pour finir la soirée, avec Conrad, le propriétaire de la maison et également l'heureux possesseur d'une barque. Conrad parle bien le français, et il me montre le Routard où il est cité, car il a reçu chez lui plusieurs jours un des rédacteurs du guide, à qui il a fait faire un grand tour dans le Delta. Je sers d'interprète entre lui et les 2 allemands qui veulent négocier un bon prix pour une grande ballade demain matin.
Je pars me coucher épuisée par la journée, le soleil, la bière, le rosé trop sucré, et surtout cette discussion, car je finis par ne plus rien comprendre à ce qu'ils disent, ils ergotent beaucoup et changent d'avis plusieurs fois.